ALAIN LE YAOUANC, architecte de nos forêts mentales, construit en direction de l'inconnu : de ce qui n'est pas encore. L'objet, le dessin, le collage, la peinture, les gouaches, sur cet infini chemin sont sans doute des arrêts arbitraires, mais ils désignent le mouvement inscrit dans la fixité, l'éternité qui est dans l'instant, l'immensité an sein de la clôture. Qu'il représente le sommeil, la géométrie, le silence, une ville ou une femme, le souvenir, la verticalité, l'objet futur etc. Le Yaouanc propose une construction échaffaudée de l'ailleurs ou d'une semblance de l'autre où l'être humain ne s'évanouit que pour reparaître dans une autre dimension, selon des lois qui ne sont pas celles du monde physique communément perçu, mais celles d'un ailleurs révélé, notre patrie d'outre-monde, le lieu même de la « vraie vie » telle que Rimbaud la rêva. Il y a un art « moderne » - prétendu tel -, qui s'exhibe du côté du marketing et de la productivité : l'époque est aux habiles et à l'imposture, avec applaudissements officiels ! Mais il y a aussi l'oeuvre de Le Yaouanc, superbe et multiforme, vertigineuse et rigoureuse, qui ne relève pas d'une modernité dévoyée : elle n'obéit qu'à sa propre loi. On n'a que trop tardé à la placer au rang qui est le sien, le premier. Le Yaouanc, peintre, collagiste, sculpteur du XXIe siècle.
|